Bonjour à tous.
Déjà, suite à vos sympathiques messages, le blog va continuer. Il me semblait nécessaire, presque un mois après la sortie du livre et deux mois après le démarrage de voir si ça servait à quelque chose de continuer, j’ai eu ma réponse.
Voici maintenant les vôtres (de réponses) aux questions que vous m’avez posées – dans le désordre ou plutôt dans un ordre plus logique.
Première question, posée par Corine :
« Quelles ont été tes motivations pour écrire un livre sur Christophe Miossec et as tu été surpris parfois par le personnage ? »
L’idée s’est imposée à moi comme une évidence après avoir passé un après-midi avec Christophe (épisode que je raconte dans le livre) au moment de la promo de 1964. J’étais là pour l’interviewer (à l’époque pour l’Hebdo de Virgin) et on avait discuté pendant deux heures. En sortant de son hôtel, j’ai eu un flash : le personnage Miossec possédait (possède toujours) une complexité et un parcours qui méritaient qu’on s’appesantît dessus plus largement. Ce qu’on entrapercevait de lui dans les articles constituait une portion du bonhomme, très bon client pour les journalistes de presse écrite et en même temps très pudique. De mon côté, j’en étais arrivé au point dans ma petite carrière où j’avais envie d’horizons plus larges que ceux d’un article. Depuis son irruption avec Boire, je le suivais pas à pas et ses chansons me servaient un peu de leçons pas très sages adressées par un mec ayant dix ans de plus que moi (je suis né en 74). Une fois journaliste, j’avais continué (je l’avais rencontré pour Brûle, voir premier billet de ce blog). Il y avait donc pour moi à la fois un intérêt personnel (celui de rencontrer quelqu’un d’important pour moi) et un intérêt journalistique.
Deuxième question (posée par une gentille anonyme) : « Miossec disait qu'il ne voulait pas écrire, les étalages des librairies étant déjà amplement fournis, mais comme on dirait qu'il dit souvent le contraire de ce qui adviendra...comment s'est il laissé convaincre par une bio ? ».
On peut le dire, les réticences de Christophe ont été très longtemps vivaces. Effectivement une sorte de bio pour un chanteur de 40 ans, ça fait un peu jeune. Pendant les quelques mois où j’ai cherché un éditeur, il doutait de la pertinence du bouquin. A partir du moment où les éditions Flammarion ont manifesté leur intérêt, ça s’est un peu arrangé mais il n’était pas rare qu’après une séance d’interview pour En Quarantaine Christophe lâche : «je ne sais pas qui ça va intéresser ce bouquin… »
En même temps, l’idée n’était pas de livrer sa biographie et de l’enterrer vivant, elle consistait davantage à raconter son parcours, celui d’un homme qui s’est découvert chanteur à 30 ans et avait une épaisseur que beaucoup de ses collègues au parcours plus rectiligne ne possédaient pas. Pour moi, il était intéressant de raconter Miossec le musicien (anecdotes sur les albums, etc.) mais encore plus ce qui précédait, cette trajectoire un peu unique. En Quarantaine ne se veut pas une biographie, plutôt le reflet d’un artiste qui fait le point, les 40 ans arrivés (d’où ce titre assez malin je dois dire, d’autant plus qu’il n’est pas de moi puisqu’il vient d’une de ses chansons).
Enfin, je crois que s’il s’est laissé convaincre, c’est surtout parce qu’on s’entend(ait) bien, il y a une vraie complicité entre nous qui légitimait le projet, le rendait viable. Christophe n’aurait jamais accepté si on n’avait pas rigolé un minimum ensemble (et on a ri). Il a même dit à l’éditeur qu’il n’aurait pas fait le livre avec quelqu’un d'autre (?).
Troisième question posée par Corine :
« As tu été surpris parfois par le personnage ? ».
Oui, constamment. Déjà par son appétit de musique, de littérature, d’actualité… Nos différents rendez-vous commençaient souvent (et finissaient) par des échanges passionnés sur nos derniers coups de cœur respectifs. Christophe a des goûts assez larges qui vont de Captain Beefheart à My Bloody Valentine en passant par Zita Swoon, Camille, etc. On ne peut pas dire qu’il soit seulement centré sur la chanson française.
Et puis il est toujours en mouvement, ébauchant dans sa tête son prochain coup, son prochain album. Il est peu prévisible et possède sa propre logique qui échappe à tous et reste pourtant claire dans sa tête (j’ai l’impression, je ne l’ai pas psychanalysé, hein).
Quatrième question posée par Francis Hébert :
« Quelles ont été les restrictions de Miossec pour le livre? De quoi ne voulait-il pas parler? »
Je crois que dés le départ j’ai été clair avec lui, le livre n’allait pas se faire contre lui mais avec lui. Il était hors de question de profiter de notre complicité pour le mettre lui en porte-à-faux ou je ne sais quoi vis-à-vis de son passé… Lui qui est assez pudique ne voulait simplement pas trop en raconter sur sa vie privée (les copines, les séparations…), chose que je comprends très bien. Il y a toute la sphère intime de sa vie que lui voulait à juste titre préserver. De toute façon, il n’était pas nécessaire non plus de rentrer dans les détails. J’ai lu que certains fans de Miossec s’inquiétaient à propos du livre de se retrouver avec un Voici de 300 pages, il n’en a (évidemment) jamais été question. En revanche, il était nécessaire d'évoquer l'incident avec Air France et surtout sa petite expérience de prisonnier (ce qui, perso, m'intéresse plus que de savoir les circonstances exactes de l'incident avec le steward... pour anticiper votre question).
De toute façon, il était prévu que Christophe relise, puisse ôter tel ou tel passage. Ça faisait partie de notre contrat moral.
Cinquième question posée par Adrina :
«La relation avec Miossec s'est-elle arrêtée au livre ou perdure-t-elle au-delà? Autrement dit, de la relation professionnelle est-il né une relation amicale? J'ai toujours pensé qu'il était difficile d'écrire sur quelqu'un sans y mettre de sentiment ».
Oui, Adrina, vous avez raison. Déjà, je n’aurais pas proposé à Christophe ce projet si humainement on ne s’était pas bien entendu. Ça a d’ailleurs été le point de départ, cette entente quasi-naturelle.
Quant à la relation amicale, on ne s’appelle pas tous les jours mais bien sûr qu’elle existe. J’attends d’ailleurs de revenir en Bretagne pour le voir tranquille chez lui (au moment des concerts, ce n’est jamais très intéressant, trop de monde…)
Sixième question posée par la gentille anonyme :
« A-t il des projets littéraires à votre connaissance ? »
A ma connaissance, non, mais je ne suis pas dans sa tête… Et c’est là que tout se joue.
Septième question posée par Perros :
« As-tu lu le livre sur Dominique A ? L'as-tu apprécié ? »
Non. Le journaliste fait partie d’une sale race. Il attend qu’on lui envoie les choses (rires). Non, parce que je ne l’ai pas reçu par le service de presse de Textuel et honnêtement je ne me vois pas l’acheter, ayant de très gros problèmes de place et d’autres priorités.
Mais ça a l’air d’être un beau livre, rempli de documents rares et archives de Dominique. Je dis ça, je ne l’ai pas feuilleté, j’en ai simplement vu des extraits sur le site de "comment certains vivent"…
Voilà, j’espère avoir répondu de manière satisfaisante. A bientôt, puisque notre échange va durer encore un peu…