Au cours des trois années de conception d’En Quarantaine, j’ai eu la chance d’être un témoin privilégié de la naissance de L’Etreinte. Ça a constitué pour moi une sorte de passionnant feuilleton artistique. Je me souviens des premières démos (notamment de “Maman”) que Christophe me faisait écouter sur son I-Pod dans le hall de son hôtel après une de nos premières interviews fleuve. Je me souviens de mon passage aux studios ICP alors que l’élégant Robert Johnson enregistrait ses parties de guitare et que les arrangements étaient en pleine création. Et puis il y a eu la tournée à trois (Jean-Louis Piérot-Robert Johnson-Christophe) en Bretagne qui permit au trio d’éprouver les nouvelles chansons en concert. Enfin, à Bruxelles, j’eus l’honneur d’entendre les versions définitives du “Loup dans la bergerie” ou “La Mélancolie”. Et j’en oublie, sans doute.
Christophe me répétait souvent son envie d’apporter du changement dans son univers, notamment musicalement. On est tous à peu près d’accord pour dire que, avec Jean-Louis Piérot et ses nouveaux compères belges, il a réussi à se réinventer. De manière amusamment paradoxale, c’est d’ailleurs ce que certains lui reprochent : de s’être éloigné de son sillon folk-rock historique, d’avoir changé. Avant, d’autres lui reprochait de se répéter. Faudrait savoir…
Sans blague, quelle chaleureuse Etreinte (et quelle belle pochette signée par le peintre Paul Bloas !)
Christophe me répétait souvent son envie d’apporter du changement dans son univers, notamment musicalement. On est tous à peu près d’accord pour dire que, avec Jean-Louis Piérot et ses nouveaux compères belges, il a réussi à se réinventer. De manière amusamment paradoxale, c’est d’ailleurs ce que certains lui reprochent : de s’être éloigné de son sillon folk-rock historique, d’avoir changé. Avant, d’autres lui reprochait de se répéter. Faudrait savoir…
Sans blague, quelle chaleureuse Etreinte (et quelle belle pochette signée par le peintre Paul Bloas !)
9 commentaires:
Je crois que je fais partie des grincheux qui préféraient le miossec du tout début. Boire a été comme une claque pour moi à l'époque. Quand baiser est sorti y avait déjà une différence énorme en terme d'orchestration mais le truc était toujours là, j'ai suivi jusq'à A prendre.
L'étreinte je l'ai écouté il y a des choses qui me plaisent mais il y a des sons qui font sonner ça comme de la variété, là où je voudrais y voir de la chanson. Ca ne veut pas dire grand chose je le concède. :)
En tout cas un grand respect pour le monsieur.
Salut Glorb. J'ai aussi vécu la claque de Boire, entretenue par Baiser. Je crois que l'ambition de Miossec était de changer, de quitter sa routine pour aller vers une variété de qualité qui donne plus de pêche aux gens. Très sincèrement, à l'écoute de La Facture d'électricité, de Mes Crimes le Châtiment (et pas mal d'autres) ça ne me gêne pas. Au contraire...
Depuis la sorite de "Boire", l'oeuvre de Christophe Miossec a évolué, tout comme il a évolué, ainsi que nous et notre façon d'appréhender ses chansons.
Plus ça va, plus j'apprécie ce qu'il fait. J'aborde chaque album avec un oeil nouveau et j'ai plaisir à découvrir une nouvelle facette du talent de Miossec.
Alors oui il a changé depuis "Boire", de nouvelles influences ont produit leurs effets, de nouvelles rencontres ont été fructueuses, de nouvelles expériences ont été utiles ... et ce n'est pas pour me déplaire.
PS. Merci Vincent pour ce livre que j'ai encore à l'instant entre les mains et qui nous aide à comprendre les voies de l'évolution du personnage.
Cher Karim. Vous avez raison quand vous parlez de découvrir de nouvelles facettes. Je crois que considérer Miossec comme un artiste unidimensionnel (Brest, les bars, un folk-rock sec) est un travers dans lequel sont tombés beaucoup de ceux qui ont été marqués à vie par Boire. L'homme change, ses envies aussi. Cela serait extrêmement pénible de l'entendre exploiter inlassablement le même sillon. Avec L'Etreinte et 1964, il a laissé entrer de l'air, des sons de l'extérieur, de la rondeur, de la lumière. On ne peut lui en tenir rigueur (pas moi en tout cas). Je suis en train d'écouter le Brest Of et l'enchaînement est assez impressionnant.
Une nouvelle fois, merci Karim pour votre soutien.
Il ne s'agit pas d'accepter ou non qu'un artiste change.
Pour ma part, je trouve que Miossec a changé entre Boire et Brûle. Et pourtant, les deux albums sont exceptionnels. Idem pour un Bashung avec Fantaisie militaire et L'imprudence.
La vraie question, c'est de savoir si ce que fait Miossec depuis 1964 et L'étreinte est de qualité ou non.
Moi, je trouve que non. À part certaines exceptions. Pourtant j'aime la variété, mais la variété singulière (Souchon par exemple). Qui peut écouter sans un sourire moqueur Bonhomme de L'étreinte?
Bonne
bonne
bonne
bonne nuit
bonhomme
C'est quoi, ça?
Si je veux un truc mièvre, j'écouterai autre chose que Miossec.
La question, c'est de savoir si Miossec est doué dans ses autres facettes, et non condamner ses tentatives.
Moi, j'attends toujours le nouveau Miossec avec impatience, toujours dans l'espoir d'être surpris et séduit...
Bonjour Francis. Je sais que vous n'êtes pas à condamner systématiquement le changement... Mais de toute façon, nos avis diffèrent sur les deux derniers albums. Effectivement, "Bonhomme" est une chanson mièvre mais comme Miossec l'assume, la chanson me touche.
Il est vraiment dommage que vous ne l'ayez pas vu en concert depuis 5 ans. Par exemple, avec son groupe récent, il a pris une direction très "musicale" qui n'a rien de variété.
En ce qui me concerne, je trouve que ce nouvel album rentre dans l'évolution de Christophe Miossec que ce soit au niveau des textes ou de la musique.
Il n'a rien oublié de son passé, surtout dans la Mélancolie (extrait : "la mélancolie ne doit pas un jour s'oublier) ou dans "Maman" où il raconte qu'il ne regrette rien et qu'il persiste mais aussi et surtout la participation de son ami de galères Paul Bloas à son album.Je trouve aussi que la musique correspond bien aux textes, Christophe reste toujours dans le combat et cette fois-ci il s'engage bien et n'a pas peur de s'y investir.
A vrai dire, j'ai eu le coup de foudre pour "Boire" et "Baiser". "A prendre" m'a laissé un peu indifférent, et "Brûle" m'a subjugué. J'ai adoré les arrangement musicaux de "1964", mais j'ai pris ma claque avec l'"Etreinte", dans le sens négatif du terme. On ne peut bien sûr pas reprocher à Christophe d'évoluer (heureusement !), et je pense que ce n'est pas dans ses objectifs de chercher à plaire à tout le monde. Je suis heureux que l'on reconnaisse (enfin) son talent et que sa notoriété se développe un peu, mais je fais partie de ces vieux grincheux nostalgiques qui se plaisent à réécouter "Boire" parce que les textes les touchent et les renvoient irrémédiablement à leurs propres vulnérabilités. Du coup, je ne me sens pas touché par l'"Etreinte", à commencer par la pochette colorée qui ne correspond pas à l'image que je me faisais du personnage (malgré le beau travail de Paul Bloas), et aux accords majeurs (façon variété comme dirait Glorb) qui ne me plongent plus dans cet univers cafardeux que j'affectionnais. Bref, les irréductibles nostalgiques dont je fais partie aimeraient que les choses évoluent... mais ne changent pas !
Merci pour le blog !
Bonjour Jean-Christophe et Jack Boost. Comme tous ceux qui ont déjà donné leur avis sur cette page, vous avez tous les deux raison (ou tort mais on ne va pas compliquer). Comme le rappelle Jack, la musique n'est pas une science, elle est là pour provoquer des émotions. Personnellement, je comprends que L'Etreinte ne vous touche pas et vous laisse froid, en comparaison avec les chansons de Boire qui vous(nous) apostrophaient de manière brute. "Des moments de plaisir" ont été lors de mes vingt ans comme une seconde peau, ce qui ne sera jamais le cas de "Maman" ou "La Facture d'électricité". Celles-ci, je les apprécie pour d'autres raison, moins intimes mais tout autant valables...
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